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Tout. Tout de suite. Tout ou rien.

8 mai 2005

Un autre jour s'en va. Tourne et tourne et ne s'arrête pas

Loin de l’habitude, des rues trop connues, des visages qui sont parfois trop présents. L’autoroute direction Saint-Malo, et Raphaël chante dans nos oreilles. Je conduis en chantonnant, et le paysage défile derrière les vitres. Déjà les remparts se profilent à l’horizon et la voiture ralentit entre les gens qui fourmillent de tout côté. On récupère les clés chez la voisine du 3ème et l’on découvre notre pièce sous les toits. Une piéce qui fait tout à la fois, parce que c’est beaucoup plus classe que n’importe où. Chambre, cuisine, salon, salle à mange, bureau dans quelques mètres carrés. Et puis la vue, les remparts à quelques mètres et la mer.

On est prête pour nos sept jours inoubliables, mais ça, on ne le sait pas encore.
Entre les crêpes et les glaces, nos aventures dans les rues qui tournent dans tous les sens et dans lesquelles on se perd, nos livres et nos matins un peu difficiles. Nos soirées, surtout.

Le panneau noir et les lettres tracées à la craie. Marée basse : 19h59. On s’extasie comme des enfants devant l’écriteau, et puis sans se regarder on s’écrit que l’on ira. Quelques heures plus tard, on embarque un pull, un sac et un appareil photo et l’on descend les six étages en appuyant chaque pas.
On gravit les marches qui nous emmènent encore plus haut, pour dominer la mer. Elle s’étiole, de plus en plus foncée, et éclairée par les quelques lumières de la côté, au loin. Puis l’on repère les marches qui s’enfoncent dans le sable, alors on les suit, enlève nos chaussures et l’on foule le sable glacé de nos pieds.  Traverser entre les algues et les cailloux, pour toucher la pierre irrégulière. S’élever au milieu des flots, entre les cailloux et l’herbe, toujours pieds nus. On découvre le tombeau de Chateaubriand face à la mer, puis l’on repart en faisant le tour de l’île, avant que la mer ne remonte.


Nos pieds dans l’eau qui tourne autour de 10 degrés, et les traces que l’on appuie dans le sable mouillé. Laisser nos empreintes quelque part, même si quelques heures plus tard il ne restera rien de ces traces, pas plus que de nos instants fabuleux de la redécouverte de la mer.

On recommence le lendemain, vers d’autres plages et d’autres rochers. On croit voir au loin des fantômes qui dansent sur la plage, mais ce ne sont que les reflets des lumières sur le sable mouillé. Mais on veut être sûre, alors on longe les remparts, et l’on joue à l’équilibriste entre les bains d’algues noires ou vertes, selon les secondes. Puis l’on touche enfin l’endroit où des taches blanches bougeaient quelques dizaines de minutes. Des vermicelles jonchent la plage, des algues blanches aussi. Et le temps tend dangereusement vers minuit, alors on passe entre les immenses bouts de bois, et l’on marche pied nus dans la rue. Les gouttes tombent petit à petit, et les gens nous regardent bizarrement parce que l’on a pas de chaussures, pas de manteau. On s’en fous, on sourit en regardant les lumières des restaurants et en montant les escaliers sur la pointe des pieds, parce qu’il paraît que ça muscle les fesses.

Et même le surlendemain, mais c’est encore différent. Il y a la senteur de la mer, le sable qui colle les cheveux, et le vent qui fait gonfler les pantalons et qui emmêlent nos cheveux. On déambule dans les petites rues, entre les pierres et les trous, mais en chaussures cette fois-ci. 

Mais il y aussi le cinéma qui brille avec ses lettres rouges dans la nuit. Anthony Zimmer, parce que Sophie Marceau évidemment, et puis Yvan Attal un peu. 1h30 à retrouver un visage qui n’a finalement pas énormément changé depuis le premier film, même si… Et les dragibus ou les M&M’s bleus à la cacahuète qui fondent sous la bouche, sans oublier les connes sur la même rangée qui se croit obligé de commenter chaque image.

Ou alors le restaurant avec la crêpe chocolat-banane-chantilly qui fait briller mes yeux, mais que je n’arrive pas à terminer. Les mots écrits sur des bouts de nappes qui remplissent les murs, le pichet de cidre qui pique la gorge, et nos pas dans la nuit pour rentrer.

Sans oublier nos nuits qui s’écourtent avec les jours qui s’écoulent. Nos conversations qui s’étiole en longueur, et les chiffres du micro-onde qui avancent trop rapidement. De tout et de rien, il n’y a pas d’autres mots pour définir toutes ces heures. Nos peurs, et le refus de cette fin d’année, les autres, plus tard, avant. Il y a une série de Je me souviens avec nos souvenirs de primaire, la classe de neige surtout, les amoureux et nos parties de foot ou alors le Futuroscope, sans oublier le collège qui nous a séparé mais jamais totalement.

Le matin, au réveil, c’est un nouveau jour que l’on entame avec nos nouvelles expériences. La brioche grillée à la poêle, qui se retrouve finalement au micro-ondes parce que ça ne marche pas comme on aurait voulu. Les croissants tout chauds dans lesquels Lou rajoute du Nutella parce qu’il paraît que c’est encore meilleur, et le café qui refroidit sur la table pendant que l’on fait des allers retour dans la salle de bain. L’ouverture du paquet de taboulé à la fourchette, la sauce salade où il y a vraiment trop de vinaigre, les lumières de la salle de bain ou de la grande pièce, c’est au choix mais pas les deux, faute de plombs. Le tapage avec le balai parce que le voisin du dessous nous tape sur le système, ou alors les 100 blagues les plus drôles que l’on ne comprend pas, c’est peut-être qu’en 1958 il n’avait pas le même humour, qui sait ?, les abdos selon Femme actuelle ou l’histoire du baiser.

Rechercher à boucher le rond dans la salle de bain, parce que sinon on est frigorifié rien qu’à l’idée d’aller prendre une douche sur le coup de minuit. Chanter du Raphaël un peu partout, ou alors du Claude François, juste pour rire. Lou réplique par quelques phrases de Françoise Hardy, celles que Guillaume nous chante tout le temps, quand ce n’est pas Oser Joséphine

Mais si tu crois un jour que tu m'aimes
Ne crois pas que tes souvenirs me gênent
Et cours, cours jusqu'à perdre haleine
Viens me retrouver

Répondre à un sondage sur la Bretagne, replier le canapé lit en un espace de temps réduit, faire 10 pizzerias pour en trouver une avec des pizzas qui nous plaisent, traîner au lit jusqu’à midi et demi et s’habiller à la va vite, regarder un film sur une télé qui grésille, manger un carré de choclat au noisettes et au petit beurre après le déjeuner, se rendre compte que l’on carbure au plaisir et qu’on est une fille des îles à la vanille, d’après Cosmopolitan, faire un pari pour une histoire de clé, et gagner un paquet de dragibus.

Et puis samedi arrive à notre grand regret.
On passe à la laverie et l’on regarde le linge tourner toujours avec Raphaël et Keren Ann sur les oreilles, même s’il faut parfois mettre sur pause pour remettre des pièces dans la machine parce que le linge n’est pas assez sec. En sortant de l’inondation, on passe acheter des crêpes en regardant les gens qui marchent au milieu de la rue.

Alors Barbapapa et Bardibul quitte Saint Malo à grand regret.
Le bleu et le rose s’éloigne des remparts et aperçoivent le Mont Saint Michel au loin, avec les étendues de sable.

Et un autre jour s'en va
dans cette petite vie
je voudrais pas crever d'ennui

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8 mai 2005

En paralléle

Ecrire à deux endroits.
Les mêmes textes et les mêmes mots.
Juste par manque de temps de tout imprimer.
Juste pour être sûre que rien ne se perde.

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